Je suis du côté de ceux qui se cachent derrière une cigarette, d’une gorgée d’alcool pour affronter leur réalité. Du côté des trop petits, des trop grands, des trop gros, des trop moches, des grands pieds et des gros sourcils. Je suis du côté de ceux qui transpirent non pas d’effort mais de peur, de ceux dont le regard fuit, de ceux qui n’ont pas une belle maison ou une belle voiture.
Je suis du côté de ceux qui n’ont pas d’ambition parce que la vie leur a appris à ne pas en avoir. Je suis du côté de ceux qui ont peur, qui manquent de confiance en eux, de ceux qui tremblent à l’idée de demain. Je suis du côté des barakis, des kékés, des gros nazes, des mal habillés, des gens qui ne correspondent pas aux critères imposés par la société.
Je suis du côté de ceux qui, dit-on, ne font pas avancer la société, de ceux qui « profitent du système », ceux qui n’ont pas su ou pu jouer au jeu de la vie, ceux qui sont considérés comme des sournois dans une partie dont ils n’ont jamais compris les règles.
Mais ces gens-là, je suis ces gens-là.
Je suis né du bon côté. La classe moyenne, oui, mais qui offre de la motivation, des idées, des opportunités, des chances et même des privilèges. Et j’en ai presque honte. Pas parce que, aujourd’hui, j’ai, mais parce que je me suis rendu compte de la frontière mince et l’injustice criante qui sépare ceux qui ont de ceux qui n’ont pas. Ceux qui ont plus que moi, ou moins que moi, n’ont pas plus ou moins de valeur que moi.
La chance n’est pas un mérite, c’est un privilège non mérité. Alors, ferme ta gueule !